Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/277

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Vassa, il déclara qu’il allait renvoyer Iachnik de chez lui, et qu’il consentirait au mariage si le garçon revenait vêtu d’un bel habit neuf et dans son propre équipage. Il congédia donc Trokim.

Trokim, se sentant dans l’impossibilité de remplir la condition imposée, résolut de se noyer. Mais, au moment où il allait se jeter à l’eau, devant lui surgit un étrange petit homme, ceint d’une courroie. C’était le jardinier en chef du seigneur du village, Pridebalka. Il emmena Trokim au cabaret et là, celui-ci narra ses peines.

« Mais, dit Pridebalka à Trokim, ce n’est rien, et c’est chose très facile à arranger. En ce moment se trouve dans le village un très riche marchand avec beaucoup de marchandises ; il restera ici jusqu’à la nuit, puis il partira. Or, il est obligé de traverser la forêt où il y a un ravin devant lequel il doit passer. Quand il sera arrivé à cet endroit, sors de la cachette où tu te seras embusqué et, avec un gourdin, frappe le marchand sur la tête ; puis frappe le cocher et prends le drap qui t’est nécessaire, prends l’argent, mais laisse toute la marchandise et même un peu d’argent. Renverse aussi la voiture dans le ravin et personne ne saura rien. On pensera qu’ils se sont tués en tombant dans le précipice, et si on te demande où tu as pris l’argent pour acheter ce qu’il te faut, tu diras que je te l’ai prêté. »

Tout arriva comme ils l’avaient projeté.

Trokim tua le marchand et le cocher, prit du drap et 8.000 roubles. Pridebalka lui fit faire un bel habit, lui acheta un cheval et une voiture et lui trouva deux hommes qui consentirent à lui prêter témoignage.

Mais Trokim avait des remords, et il résolut de tout raconter à Vassa.

Vassa, toute troublée, lui conseilla d’aller à l’endroit