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la loi de Dieu, que ceux qui n’observent pas cette loi périront et seront cruellement châtiés dans la vie future. Il parlait ainsi même à son fils, feignant d’avoir oublié les conversations qu’il avait eues avec lui sur ce sujet, ou de s’en repentir.

Depuis ce 12 août, depuis qu’il s’était convaincu qu’il n’avait rien et personne à craindre et que maintenant rien ne l’empêcherait de vivre pour ses plaisirs, ses plaisirs n’existaient plus, tous s’étaient transformés en souffrances.


IV


La peur de l’assassinat, de l’empoisonnement, de la tromperie, des crimes les plus horribles qui pouvaient être commis dans sa famille ou par ses familiers, ne le quittait pas. Il soupçonnait tous ceux qui l’entouraient des plus noirs desseins ; il redoutait et détestait tous les hommes, et sa fille, tous ; même ses petits-fils, qu’autrefois il aimait tant, lui semblaient maintenant de petits animaux cruels. Il s’imaginait qu’on le haïssait comme lui-même haïssait les autres.

Pour calmer ses angoisses, sans cesse il faisait deux choses : en premier lieu il se cachait de tous, il trompait tout le monde, il prenait