Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

comment vivaient les hommes maintenant qu’ils étaient soumis aux maladies, il constata que leur vie était encore pire. Ces mêmes maladies qui, dans la pensée de Dieu, devaient unir les hommes, les divisaient encore plus. Les hommes qui, par la force, obligeaient les autres à travailler, les obligeaient par la force à les soigner pendant la maladie et, par conséquent, eux-mêmes ne soignaient pas les malades. Et ceux qu’on forçait à travailler pour un maître et à garder les malades étaient si accablés par le travail qu’ils n’avaient pas le temps de soigner leurs propres malades et les laissaient sans secours.

Pour que les malades n’empêchassent pas les plaisirs des riches, on les installait dans des maisons où ils souffraient et mouraient non entourés de leurs proches et plaints par eux, mais entre les mains de personnes louées à cet effet et qui soignaient les malades non seulement sans compassion, mais avec dégoût. En outre, la plupart des maladies ayant été reconnues contagieuses, les hommes, dans la crainte de se contaminer, non seulement ne se rapprochaient pas des malades, mais même s’éloignaient de ceux qui les soignaient.

Alors Dieu se dit : « Si même par ce moyen on ne peut amener les hommes à comprendre en quoi consiste leur bonheur, qu’ils s’arran-