Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/334

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— « Mais on ne me permet pas de dire ce que je pense et de vivre comme je le crois nécessaire. »

— Personne ne peut te forcer à dire ce que tu ne crois pas utile et à vivre comme tu ne le veux pas, et tous les efforts de ceux qui te contraindront ne feront que fortifier l’influence de tes paroles et de tes actes.

Mais ce refus de l’activité extérieure ne sera-t-il pas un signe de faiblesse, de lâcheté, d’égoïsme ? Cet écart de la lutte n’aidera-t-il pas à l’augmentation du mal ?

Une telle opinion existe ; elle est provoquée par les meneurs révolutionnaires. Mais cette opinion est non seulement injuste, elle relève de la mauvaise foi. Que chaque homme qui désire collaborer au bien général des hommes essaye de vivre sans recourir en aucun cas à la protection de sa personne et de sa propriété par la violence ; qu’il essaye de ne pas se soumettre aux exigences des superstitions religieuses et gouvernementales, qu’en aucun cas il ne participe à la violence gouvernementale, soit dans les tribunaux, soit dans les administrations ou tout autre service, qu’il ne jouisse sous aucune forme de l’argent pris de force au peuple, et, le principal, qu’il ne participe pas au service militaire, la source de toutes les violences, et cet homme apprendra, par expérience, combien il