Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/336

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par les révoltes et les meurtres, ils se détruisent seulement par l’explication que se fait chacun du sens et du but de sa vie et l’exécution ferme, courageuse, sans compromis, dans tous les cas de la vie, des exigences de la loi supérieure, intérieure de la vie. Il serait très désirable que les jeunes gens que ne lie pas le passé, qui veulent sincèrement servir au bien des hommes, comprennent que l’activité révolutionnaire qui les attire non seulement n’atteint pas le but poursuivi, mais, au contraire, écarte leurs meilleures forces de la voie où ils peuvent servir Dieu et les hommes ; que cette activité, le plus souvent, produit l’activité contraire, que ce but n’est atteint que par la conscience claire pour chaque individu de sa destination et de la dignité humaine et, en conséquence, par la vie ferme, religieuse et morale qui n’admet aucun compromis, ni en paroles, ni en actes, avec le mal de la violence qu’on blâme et désire détruire.

Si la centième partie de l’énergie dépensés maintenant par les révolutionnaires pour atteindre des buts extérieurs inaccessibles était employée au travail intérieur spirituel, depuis déjà longtemps, comme la neige au soleil d’été, aurait fondu ce mal contre lequel les révolutionnaires ont tant lutté et luttent encore en vain.

Iasnaia Poliana, 22 juillet/4 août 1904.