Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/45

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être sont-ils d’accord qu’il serait désirable d’abolir la guerre, mais ils diront que, maintenant, c’est impossible, et que, pour le moment, eux, des Russes, qui occupent une certaine position : maréchal de la noblesse, membre du zemstvo, médecin, membre de la Croix-Rouge, sont appelés à agir et non à raisonner : « Ce n’est pas le moment de raisonner et de penser à soi, quand il y a une grande œuvre commune. »

Et c’est ce que dira l’instigateur apparent de toute l’œuvre, le tsar. Lui aussi, comme le soldat, s’étonnera d’être interrogé sur la nécessité présente de la guerre. Il n’admettra même pas la pensée qu’on puisse interrompre la guerre. Il dira qu’il ne peut pas ne point exécuter ce qu’exige de lui tout le peuple, qu’il reconnaît que la guerre est un grand fléau, et qu’il est prêt à employer tous les moyens pour la faire disparaître, mais que, dans le cas actuel, il ne pouvait point ne pas la déclarer, et qu’il ne peut pas l’arrêter. C’est nécessaire pour le bien et pour la grandeur de la Russie !

Tous ces gens, à la question : « Pourquoi un tel, Ivan, Pierre, Nicolas, qui reconnaît l’obligation de la loi chrétienne qui interdit le meurtre du prochain et qui même exige qu’on l’aime, qu’on le serve, pourquoi se permet-il de participer à la guerre, c’est-à-dire à la violence,