Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/81

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Mais que faut-il faire à l’égard des ennemis qui nous attaquent ? Aimez vos ennemis et vous n’en aurez pas, dit-on dans la Doctrine des Douze Apôtres. Et ce n’est point parole vaine, ainsi qu’il peut sembler aux hommes habitués de penser que la prescription d’aimer ses ennemis n’est qu’une allégorie qu’il ne faut pas prendre à la lettre. Cette réponse est l’indication d’une activité très nette, très définie, et de ses conséquences.

Aimer ses ennemis, les Japonais, les Chinois, ces hommes jaunes envers lesquels les hommes abusés s’efforcent maintenant ; d’exciter notre haine, cela signifie ne pas les tuer pour avoir le droit de les empoisonner avec l’opium, comme l’ont fait les Anglais, ne pas les tuer pour leur arracher des terres, comme l’ont fait les Français, les Russes, les Allemands, ne pas les enterrer vivants pour les punir d’avoir endommagé une route, ne pas les lier avec leurs tresses, ne pas les noyer dans le fleuve Amour, comme l’ont fait les Russes.

« Le disciple n’est pas supérieur au maître… il suffit au disciple d’être comme le maître. » Aimer des hommes jaunes que nous appelons ennemis, cela signifie ne pas leur enseigner sous le nom de christianisme les superstitions ineptes du péché originel, de la rédemption, de la résurrection, etc., ne pas leur apprendre