Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/95

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nais. C’est le moment pour les croiseurs de sortir en pleine mer pour réduire en cendres les villes du Japon, pour courir comme un fléau le long de ces magnifiques bords. Assez de sentiment ! »

Et l’œuvre affreuse se continue, avec les pillages, les violences, le meurtre, l’hypocrisie, le vol et, principalement, le mensonge le plus terrible : la déformation des doctrines religieuses, tant chrétiennes que bouddhiques.

L’empereur, la personne la plus responsable, continue de passer en revue les troupes, de remercier, récompenser, encourager, publier des décrets sur l’enrôlement des réservistes. Les fidèles sujets, de nouveau et de nouveau, jettent aux pieds du monarque, qu’ils appellent l’adoré, leurs biens et leurs vies, mais ce n’est qu’en paroles. Eux-mêmes, afin de se surpasser les uns les autres, par des actes et non seulement par des mots, arrachent aux familles des pères, des soutiens, et les préparent à l’expédition pour le carnage.

Quant aux journalistes, plus est grave la situation des Russes, plus effrontément ils mentent en transformant les défaites honteuses en victoires, sachant que personne ne les contredira, et ils empochent tranquillement l’argent de l’abonnement et de la vente. Plus on dépense l’argent du peuple pour la guerre, plus dilapi-