Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/72

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tait. Ses cris délièrent la langue du grand-père.

— Dieu ressuscité ! s’écria-t-il.

L’Esprit le relâcha un peu.

— Que tes ennemis se dispersent !… continuait-il.

L’Esprit descendit du fourneau.

Doutlof l’entendit toucher à terre avec ses deux pieds. Il disait toutes les prières qu’il connaissait… L’Esprit Malin se dirigea vers la porte et, en sortant, la ferma avec une telle violence, que toute la cabane fut secouée. Tout le monde dormait, sauf le vieux et l’enfant, qui pleurait et se serrait contre son grand-père.

Le silence se rétablit enfin.

Le coq chanta trois fois. Les poules se réveillèrent. Quelque chose bougea sur le poêle ; c’était le chat qui sauta à bas et miaula près de la porte.

Doutlof se leva, alla ouvrir la croisée. Il sortit dans la cour et se dirigea vers les chevaux en faisant le signe de la croix.

On voyait qu’il avait passé par là. La jument avait renversé son avoine et, les pieds embarrassés dans sa bride, attendait qu’on vînt à son secours. Le poulain était renversé sur un tas de fumier. Le vieux le releva, débarrassa la jument, leur remplit la mangeoire et retourna dans la cabane.

La vieille était déjà debout et allumait le feu.

— Réveille les enfants, je m’en vais en ville, lui dit-il en se dirigeant vers la cave.

Lorsqu’il revint, le feu était déjà allumé chez tous les voisins. Ses fils faisaient les préparatifs de départ.

Le vieux, sans regarder ses enfants, endossa son cafetan neuf, mit sa ceinture et, l’enveloppe cachée