Page:Tolstoï - Katia.djvu/147

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nait son approbation, et dès que sa pensée ne se trouvait pas associée d’une manière ou d’une autre à une affaire, quelle qu’elle fut, les bras me tombaient. Lui seul existait pour moi dans l’univers et je le comptais pour l’être le plus beau, le plus pur qu’il y eût dans cet univers ; aussi ne pouvais-je vivre pour rien autre chose que pour lui, et pour demeurer à ses yeux ce qu’il m’estimait lui-même. Car, lui aussi, il m’estimait la première et la plus séduisante femme qui existât, douée de toutes les perfections possibles ; et je m’efforçais d’être pour lui cette première et cette meilleure créature du monde entier.

Notre maison était une de ces vieilles demeures de campagne où, s’estimant et s’aimant les unes les autres, s’étaient succédé plusieurs générations d’ancêtres. Tout y respirait les