Page:Tolstoï - Katia.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tourna un coin de la route et nous demeurâmes entièrement seuls. Je fus saisie de crainte.

— Excusez-moi, dis-je froidement, et je voulus retirer mon bras, mais la dentelle de ma manche s’accrocha dans un de ses boutons. Alors, se courbant vers moi, il se mit à la détacher, et ses doigts dégantés touchèrent mon bras. Un sentiment nouveau, qui n’était pas l’effroi, qui n’était pas non plus le plaisir, me fit courir dans le dos un frisson glacé. Je le regardais en même temps, pour que mon froid regard exprimât tout le mépris que je lui portais ; mais ce regard, paraît-il, n’exprimait pas ce sentiment autant que celui de la frayeur et de l’agitation. Ses yeux ardents et humides, arrêtés sur moi, me fixaient avec passion, ses deux mains saisirent les miennes au-dessus du poignet, ses lèvres entr’ouvertes me murmu-