Page:Tolstoï - Katia.djvu/240

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tait pas de l’inexprimable torture qu’il me faisait endurer en ce moment.

La vie me semblait si malheureuse, l’avenir si désespéré, le passé si sombre ! L. M. causa avec moi, mais je ne compris pas un mot de ce qu’elle me disait. Il me semblait qu’elle me parlait uniquement par compassion, pour cacher le mépris que je lui inspirais. Dans chacune de ses paroles, dans chacun de ses regards je croyais saisir ce mépris et cette outrageante compassion. Ce baiser brûlait encore mes joues d’une honte cuisante, et la pensée de mon mari, celle de mon enfant, m’étaient insupportables. Restée seule dans ma chambre, j’espérais pouvoir méditer sur ma situation ; mais il me parut effroyable de demeurer seule. Je ne pris pas le thé qu’on m’apporta, et sans savoir moi-même pour-