Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nourrisse elle-même. Ici reparaissent les médecins.

Ma femme, qui voulait nourrir elle-même ses enfants, tomba malade à la naissance du premier ; mais elle a pu nourrir les cinq autres. Les médecins la déshabillèrent cyniquement, la tâtèrent partout — ce pourquoi je dus leur adresser de grands remerciements et les payer grassement, — et déclarèrent qu’elle ne pouvait nourrir. Elle se trouva ainsi privée, dès le début, de la seule diversion possible à sa coquetterie. Nous prîmes une nourrice, c’est-à-dire que nous exploitâmes la pauvreté, le besoin, l’ignorance d’une femme, nous la volâmes à son propre enfant au profit du nôtre et nous la parâmes d’un kokoschnik[1] à galons d’argent. Mais il ne s’agit pas de cela. Ce que je voulais dire,

  1. Couronne de nourrice.