Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/197

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— Rien ! me répondit-il brusquement, avec une impatience nuancée de dépit, comme s’il avait perdu la route par ma faute.

Et, glissant lentement ses grandes jambes dans sa chancelière, il disposa les guides dans ses moufles gelées.

— Qu’allons-nous faire, maintenant ? demandai-je lorsque nous nous fûmes remis en route.

— Et que faire ? Allons où Dieu nous poussera. Nous recommençâmes à courir du même petit trot, tantôt sur la croûte glacée qui craquait, tantôt sur la neige qui s’éparpillait et qui, en dépit du froid, fondait presque aussitôt sur le cou. Le tourbillon d’en bas allait toujours en augmentant, et d’en haut commençait à tomber une neige rare et sèche.

Il était clair que nous allions Dieu savait où, car, après un quart d’heure de marche, nous