Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/245

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Et voici qu’à travers l’eau troublée et remuée, on distingue dans le filet quelque chose de blanc : faible, mais très distinct dans le grand silence de mort, un soupir de terreur s’élève de la foule.

— Tire… ensemble… sur le sec… tire ! fait la voix résolue de Fédor Philippitch.

Et le noyé est tiré jusqu’auprès du cytise.

Puis je vois ma bonne vieille tante en robe de soie, avec une ombrelle lilas à franges qui, je ne sais pourquoi, jure terriblement avec ce simple tableau de mort ; elle est tout près de pleurer. Je me rappelle son expression de désenchantement en voyant que tout remède est inutile ; je me rappelle la tristesse nuancée de malaise que j’éprouvai lorsque, avec le naïf égoïsme de la tendresse, elle me dit :

— Viens, mon ami. Oh ! c’est affreux ! Et toi qui te baignes et qui nages toujours seul !