Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh bien ! barine, dit-il en ôtant son bonnet de dessus ses cheveux gris et en me saluant humblement, nous avons erré toute la nuit avec vous, à chercher la route. Ne me payerez-vous pas au moins un petit verre ? Vraiment, petit père, Votre Excellence ! Car autrement, impossible de me réchauffer, ajouta-t-il avec un sourire obséquieux.

Je lui donnai vingt-cinq kopeks. Le cabaretier apporta un verre et servit le petit vieux, qui, s’étant débarrassé de sa moufle et de son knout, tendit vers le verre sa petite main hâlée, ridée et un peu bleuie. Mais son gros doigt, comme étranger, ne lui obéissait pas ; il ne pouvait pas retenir son verre ; il le renversa et le laissa tomber par terre.

Tous les yamchtchiks éclatèrent de rire.

— Vois-tu Mitritch, comme il est gelé ? Il ne peut plus tenir entre ses mains de la vodka.