Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/36

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de tabac à Nikita ; je le lui rendrai demain.

Et Polikey tira de son pantalon un tuyau de pipe en bois de tilleul peint, avec un bout en cire d’Espagne, et l’adapta au fourneau.

Akoulina laissa là son rouet et sortit sans se cogner nulle part, ce qui était un joli tour de force. Quant à Polikey, il ouvrit le buffet, y renferma la bouteille, et prit un litre qu’il porta à sa bouche ; il était vide : pas de vodka[1]. Il fit la grimace ; mais lorsque, sa femme ayant apporté du tabac, il eut bourré sa pipe et se fut mis à fumer sur le lit, son visage s’éclaircit, reflétant le contentement et la fierté d’un homme qui vient de finir son travail de la journée. Pensait-il à la manière dont il saisirait le lendemain la langue du cheval pour lui verser dans la bouche cette mix-

  1. Vodka, eau-de-vie.