Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/101

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vérité et de la justice extérieure s’était mise la vérité de l’amour. Quelque quantité de bois qu’on jette sur le tas de morceaux enflammés pour étouffer la flamme, la flamme ne s’éteindra pas ; la flamme de la vérité s’étouffera pour un moment mais se ravivera encore plus fort et détruira tout ce qui avait été jeté sur elle.

S’il arrivait à quelques-uns de ceux qui luttent pour la vérité — comme il arrive toujours — de faiblir dans la lutte et d’obéir aux exigences du gouvernement, la situation ne serait en rien modifiée. Si aujourd’hui les Doukhobors du Caucase ne pouvaient supporter les souffrances infligées à eux et à leurs parents, demain, avec une nouvelle force, sortiraient de tous côtés d’autres lutteurs tout à fait prêts, qui, avec plus d’audace encore, proclameraient leurs volontés et seraient de moins en moins capables de reculer. La vérité ne peut cesser d’être la vérité parce que, sous le joug des souffrances, les hommes qui la défendent faiblissent ; le divin doit vaincre l’humain.

Mais qu’arrivera-t-il si le gouvernement est détruit ? J’entends cette question que posent toujours les partisans de l’autorité, en supposant que si l’ordre actuel ne se