Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/128

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sur ce qui se passe en Russie. La plupart des faits, qui ont lieu dans ses États, sont totalement ignorés du représentant du pouvoir suprême, et, tant qu’aux autres, il ne les connaît que sous l’aspect le plus déformé.

Et il ne peut en être autrement. L’absence de la liberté de la presse et l’extrême centralisation gouvernementale semblent établies exprès pour que, à mesure que les renseignements gravissent les échelons administratifs, il s’en détache tout ce qui peut dénoncer les défauts ou les erreurs des fonctionnaires et que ce qui en reste après cette élimination ait l’aspect le plus avantageux pour ces personnes. C’est ce qui se passe par exemple dans n’importe quel village. Le représentant inférieur du pouvoir gouvernemental, l’ouriadnik, par les conditions inévitables de sa situation officielle, est moins bien renseigné que n’importe quel paysan local. Mais, il ne dénonce même pas à son chef immédiat, le stanovoï, le peu qui lui est connu ; il en tait une partie, de peur de se compromettre ou de s’imposer des soucis superflus, et l’autre partie, il la lui transmet sous l’aspect le plus avantageux pour lui, et évidemment plus ou moins faux. Le stanovoï agit de même envers l’ispravnik, ce