Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/153

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lutte contre le mal, la colère et la violence nuisent, et que seule la douceur et la bonté aident ; ils désirent aimer tous et ne consentent à tuer personne ; ils n’osent pas agir contre la conscience, même quand, par la force ou les séductions, on veut les forcer d’agir ainsi ; ils préfèrent souffrir docilement les persécutions, les massacres, la mort même plutôt que de reculer de ce qu’ils croient la volonté de Dieu. Comment peut-on persécuter des hommes, pour cela ? Les condamner, ne démontre que sa propre insolvabilité.

Et cependant les y laisser tranquilles est impossible ; c’est trop dangereux pour l’État et pour l’Église. Que faire ? Il n’y a qu’une seule issue : se taire autant que possible, cacher la vraie réalité des choses, et, sans y toucher, les attribuer à l’influence d’un individu quelconque, qu’on pourra, tout en conservant les convenances et sans se compromettre, attaquer librement ; on peut appeler ceux qui participent à ce mouvement dangereux « les partisans » et « les agents » de cet homme et les persécuter non pour ce qu’ils font en réalité — non parce qu’ils tâchent de suivre la doctrine du Christ — mais « pour la propagande des idées de tel ou tel faux-maître ».