Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/168

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en suivant attentivement ces événements, d’élargir soigneusement les cadres des anciennes conceptions de l’État, qui sont devenus pour eux trop étroits et ne permettent pas le développement libre de chaque aspiration noble.

Et si l’on se place à ce point de vue plus éclairé, pour ce qui est du mouvement des Doukhobors, mouvement remarquable par son élévation morale, il faudrait ne pas chasser, ne pas persécuter, ne pas arrêter, ne pas détruire ces meilleurs hommes de notre temps, ne pas tâcher de les faire disparaître de la terre à cause de l’impossibilité de les faire pénétrer, par la force, dans les formes de l’État déjà surannées ; mais il faudrait prendre le soin d’animer, d’élargir, d’améliorer ces formes de façon qu’elles fussent au niveau de l’exigence du temps et pussent sinon embrasser, du moins ne pas gêner le développement de ce mouvement heureux, honneur du peuple russe et bienfait pour toute l’humanité. Il ne faut pas avoir peur que telle ou telle autre forme du gouvernement puisse souffrir du développement libre d’un tel mouvement, mais il faut craindre que la forme existante, par son retard, ne soit un obstacle à la réalisation de