Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/170

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encore à Pétersbourg, de l’affaire des Doukhobors, exprimait ouvertement cette opinion que les autorités locales avaient commis dans cette affaire une série de fautes déplorables en agissant avec cruauté et avec un étrange sans-gêne. Mais à cela, il ajoutait qu’on ne pouvait revenir sur le passé et réparer les fautes anciennes. Et en effet, il continua tranquillement à diriger les persécutions contre les Doukhobors, sans faire la moindre tentative pour réparer les injustices et les cruautés qui, il l’avoue lui-même, sont les suites d’anciennes fautes administratives. Une telle opinion sur le danger — c’est-à-dire le non-désir — de réparer les anciennes fautes du gouvernement, quand elles sont liées avec la reconnaissance officielle et avec l’abdication des anciennes dispositions, est très répandue parmi les fonctionnaires russes. Il existe même dans ce milieu un cliché : « l’Empereur doit toujours avoir raison ». Les hommes qui tiennent à ce principe s’imaginent soutenir ainsi la stabilité et l’inviolabilité du prestige de l’état, ne soupçonnant pas que la possibilité d’affirmer tel principe, tout au contraire, ne témoigne que de l’instabilité de ce prestige et de