Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/212

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autres hommes. Mais c’est là une erreur et il faut que l’on s’en rende bien compte : sinon, il ne restera bientôt de la vie chrétienne que des mots, et, malheureusement, des mots mensongers et hypocrites. Christ a dit : « On ne peut servir Dieu et Mammon. » Il faut ou bien amasser des biens pour soi, ou bien vivre pour Dieu. Il semble tout d’abord qu’entre le renoncement à la violence et le refus du service militaire, d’une part, et l’acceptation du principe de la propriété, de l’autre, il n’y ait aucune relation. « Nous, chrétiens, nous n’adorons pas des dieux étrangers, nous ne prêtons pas serment, nous ne jugeons pas, nous ne tuons pas — disent beaucoup d’entre vous — et, en acquérant par notre travail la propriété, non dans un but cupide, mais pour assurer l’existence des nôtres, non seulement nous ne violons pas la doctrine du Christ, mais encore nous nous y conformons, sous réserve de secourir les pauvres de notre superflu. »

« Mais, ce n’est pas vrai. La propriété implique que, non seulement je n’abandonnerai pas mon bien à qui voudra le prendre, mais que je le défendrai contre lui. Et on ne peut défendre contre un autre ce qu’on