Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/245

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statistique tous les renseignements qu’on nous demandera. Mais nous savons bien que ce n’est pas ce qu’on attend de nous. Si l’on ne voulait que des renseignements statistiques, le gouvernement du Canada se contenterait de recevoir de nous chaque année le nombre des naissances et des décès, sans détails superflus et sans formalités : à première réquisition nous donnerions ces renseignements. Mais nous savons que c’est autre chose qu’on exige de nous : on veut que, sous prétexte de statistique, chacun de nous s’inscrive volontairement, lui et sa famille, sur les livres du gouvernement, et par cela même reconnaisse le pouvoir des lois humaines et y soumette sa volonté et sa conscience. Mais c’est ce qui nous est insupportable.

« Il nous faut vous expliquer à ce propos que ni nous ni nos ancêtres, comme nous le savons d’après leur vie, ne nous sommes jamais laissé juger par les institutions humaines, mais exclusivement par notre conscience et les conseils de nos frères. Jamais nous n’avons eu recours aux lois pour justifier nos mariages, ni aux tribunaux pour le divorce ; nos vieillards seuls s’en occupaient et leur intervention consiste seulement en