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l’humide, la mort et ses immondes satellites sont à l’œuvre !




L’idée de la mort est lente à naître ; mais, une fois qu’elle a pénétré dans l’esprit de l’homme, elle n’en sort plus. Jadis son avenir était la vie ; maintenant, de tous ses projets, la mort est le terme ; ainsi dès lors elle intervient à tous ses actes : il songe à elle lorsqu’il remplit ses greniers, il la consulte lorsqu’il acquiert ses domaines, elle est présente quand il passe ses baux, il s’enferme avec elle dans un cabinet pour tester, et elle signe au bas avec lui.

La jeunesse est généreuse, sensible, brave… et les vieillards la disent prodigue, inconsidérée, téméraire.

La vieillesse est ménagère, sage, prudente… et les jeunes hommes la disent avare, égoïste, poltronne.

Mais pourquoi se jugent-ils, et comment pourraient-ils se juger ? Ils n’ont point de mesure commune. Les uns calculent tout sur la vie, et les autres tout sur la mort.




Il est critique, ce moment où l’horizon de l’homme change. Ces plages de l’air, naguère lointaines, infinies, se rapprochent ; ces fantastiques et brillantes nuées deviennent opaques et immobiles ; ces espaces d’azur et d’or ne montrent plus que la nuit au bout d’un court crépuscule… Oh ! que son séjour est changé ! que tout ce qu’il faisait avait peu de sens ! Il comprend alors, que son père soit sérieux, que son aïeul soit grave ; qu’il se retire le soir quand les jeux commencent.

Lui-même s’émeut ; cette nouvelle idée travaille son