Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/223

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— Ils reviendront vers minuit, monsieur Tom ; je dois vous le dire, pour que vous ne vous fatiguiez point à les attendre…

— Effectivement, c’est tard… Je remettrai donc ma commission à demain… et, quand vous saurez ce que c’est, je me recommande à vous, ma belle enfant, pour que vous vouliez bien l’appuyer… si toutefois… si toutefois vous nous voulez du bien, et à moi en particulier… à moi qui mourrais tranquille, si j’avais vu auparavant le sort de mon Jules uni au vôtre, son bonheur sous votre garde, et sa jeunesse sous la protection de votre respectable famille…

Je me levai à ces mots pour me précipiter dans les bras de mon oncle, que j’accablais de mes caresses, sans pouvoir exprimer les sentiments qui débordaient de mon cœur…

— Ohé !… mon pauvre Jules !… ohé ! ma perruque !.. ma perruque en pâtit !… Laisse-moi dire… Tu ne sais rien encore… Là ! calmons-nous… là… là…

Cette jeune fille, donc, quand j’ai eu parlé clairement, s’est remise tout à fait : — Monsieur, m’a-t-elle dit d’une voix ferme, vous ne doutez pas que je ne vous respecte et ne vous aime… Je suis touchée des choses que vous me dites, mais embarrassée d’y répondre… Je songe peu à me marier, et j’y vois des obstacles… (ne t’effraye pas)… J’appartiens à mes parents, je leur suis nécessaire, je ne veux ni les abandonner ni leur être à charge… (ne t’effraye donc pas !)… Je ne me marierai qu’à celui qui me croira son égale, qui adoptera ma famille pour la sienne, qui m’offrira son cœur entier et sans partage, comme je lui livrerai le mien… Je ne m’attendais pas à dire jamais ces choses à quelqu’un ; mais votre âge et le respect que je vous porte