Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/442

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tendis galoper, je sentis son haleine et le crus sur mon dos. Je voulus tenir ferme et ralentir ma marche, comme pour lui imposer : mais, cet effort étant au-dessus de mes forces, je hâtai le pas, je courus, je volai jusqu’au pied d’un mur qui me barrait le chemin. Là je me retournai haletant.




Un mur, c’est quelque chose en pareil cas. D’abord, c’est un mur : chose blanche, compacte, sans mystère ; chose qui change en réalité palpable l’espace indéfini, peuplé d’apparences, domaine des fantômes ; ensuite, je pouvais m’appuyer contre, et de là voir venir ; c’est ce que je fis.

En me retournant, je n’avais vu que l’ombre et le vide : mais la bête n’en vivait pas moins dans mon imagination, et je la supposais prête à fondre sur moi de tous les points dont la nuit ou les objets me voilaient la vue. C’est ce qui fut cause que mes terreurs commençaient déjà à se porter sur le revers du mur auquel j’étais adossé, lorsqu’à un bruit, que je crus être parti de ce côté, elles s’y concentrèrent toutes.

C’était un bruit semblable à celui que font entendre les chouettes ; nul doute que ce ne fût la bête..... Je la sentais, je la voyais grimper de l’autre côté du mur, et insérant les os de ses doigts entre les jointures des pierres ; en sorte que, les regards enchaînés au sommet de la muraille, je m’attendais de seconde en seconde à voir sa tête s’avancer lentement, et les deux orbites fixer sur moi leur regard immobile et cave.




Cette situation devenant intolérable, l’angoisse me