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viennent dociles, faciles à approcher et rendent les caresses qu’on leur prodigue. Ne voit-on pas souvent des cultivateurs recourir à la castration pour quelques bidets d’allure dont ils ne peuvent pas s’aider tant ils sont méchants, et ces animaux devenir doux et soumis, après cette opération.

En Basse-Normandie, on a l’habitude d’élever les chevaux au piquet. On entend par mettre les chevaux au piquet, les attacher sur une prairie artificielle, ordinairement en sainfoin, au moyen d’une longue corde fixée par un bout au licol du cheval, et par l’autre à terre, au moyen d’un piquet en bois ou en fer.

La plupart des chevaux ainsi attachés dans les champs sont entiers ; aussi, si près d’eux il passe des juments, ils se débattent tant, qu’ils arrachent leurs piquets, fondent sur ces juments, et occasionnent souvent ainsi de graves accidents. Si ces chevaux sont hongres, au contraire, ils voient avec indifférence passer à côté d’eux les juments et les chevaux et ne bougent pas plus que s’ils n’avaient rien vu ; donc la castration a modifié en mieux le caractère.

J’ai connu un étalon qui était si méchant, si dangereux à approcher, que le palefrenier, qui, cependant, le pansait depuis plusieurs années, eut par deux fois le bras cassé par cet animal. On châtra ce cheval qui fut acheté par un propriétaire du pays, et qui s’en servit au cabriolet, pendant plusieurs années, et il devint, après l’opération, aussi docile et caressant qu’il était méchant auparavant.