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« Salut fontaine à la source inconnue, fontaine sacrée, bienfaisante, éternelle,

» Salut Génie de la Ville, onde médicinale

» Divona comme l’appellent les Celtes, fontaine vénérée au nombre des dieux[1]. »

» De même aussi la Vilaine a pu être adorée par les habitans de l’ancienne Condate, comme leur divinité protectrice, comme le génie particulier de la ville. Ainsi s’explique naturellement la présence des pièces de monnaie, des graines, des parures, d’un couteau de sacrificateur, et des autres objets trouvés dans son lit.

» Les troncs d’arbres peuvent être des restes d’un bois sacré (lucus) situé sur le bord du fleuve, ou des débris de pilotis employés aux fondations d’un temple. Dans les deux hypothèses, on conçoit parfaitement que les offrandes aient été trouvées dans le voisinage de ce temple ou de ce bois sacré.

» Elles sont éparses dans cet espace, parce qu’on les y jetait des deux rives ;

» Elles occupent toute l’épaisseur de la couche et représentent toute la période romaine, parce que la superstition qui les y a fait jeter a duré pendant tout le cours de cette période.

» Mais ici un doute se présente. Pourquoi en trouve-t-on dans les couches postérieures à l’occupation romaine ? Pourquoi y en a-t-il du moyen-âge et des temps modernes ?

» La réponse est tante simple : parce que la même superstition a régné jusqu’à ces derniers temps.

» Nous venons de voir les Francs, après leur conversion au christianisme, immoler des femmes et des enfans au Pô, car, dit Procope, ces Barbares, malgré leur titre de chrétiens, observaient encore une foule de rites de leur ancienne idolâtrie. Il en fut de même des Gaulois. Les missionnaires chrétiens, après avoir essayé vainement de déraciner ces superstitions[2], avaient obligée de transiger, ils placèrent les fontaines, les lacs, les rivières, soos l’invocation des saints qui

  1. Burdigat., v. 29.
  2. Lex saxon., cap. 2l. − Capitul., lib. 1, c. 62.