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haut des riviéres, & les arbres y paroissent beaux & grands.

☞ Venant le long de la côte pour trouver l’autre côté de la baie, l’on rencontre une grande étendue de marécages d’environ deux lieues de longueur & une de largeur, où la marée monte, & fait une grande quantité de petits étangs qui sont tout remplis de gibier, outardes, cravans, canards, sarcelles, oies blanches & grises, beccasses, beccassines, allouettes, corbegeos & beaucoup d’autres sortes de bon gibier ; & tous ces marécages sont couverts de très-honne herbe de pré.

☞ Continuant la route le long de la côte, l’on trouve un petit havre qui est à l’autre extrémité de la baie, distante de l’isle aux Moutons de deux lieues ; il s’appelle le Port-Rossignol. Il est très-bien situé pour la pêche de la morue, qui y est en abondance. On a voulu y établir une pêche sédentaire.

☞ Continuant la route on trouve une côte, & tout le long des isles de distance en distance. Il y a passage pour de petites barques & des chaloupes, entre la grande terre & les isles, qui sont couvertes de sapins & bouleaux. Ayant fait six à sept lieues le long de cette côte, on trouve une petite riviére dont l’encrée est bonne pour des barques ; elle ne vient pas de bien loin dans la terre, mais c’est un très-beau & crès-excellent pays. De-là à la Haive il y a par terre environ une demi-lieue de traverse, & par mer une lieue. Il n’y a qu’une pointe à doubler pour entrer dans le havre de la Haive ; à son entrée à la gauche est l’isle aux Framboises, à droite le cap doré. L’entrée est entre l’isle & le cap ; elle n’est pas large. Etant dedans on trouve un beau bassin qui tiendroit bien mille vaisseaux. A une lieue de l’entrée il y a une petite pointe qui a d’un côcé une riviére, & de l’autre un étang & des marais qui s’avancent dans la terre environ cinq cens pas. La riviére monte cinq à six lieues dans les terres jusques où on peuc aller avec des chaloupes ; cela passé, il faut se servir de canons. Tout le long de cette riviére ce sont de belles & bonnes terres, fort bon bois de toutes les espéces qu’on a nommées jusqu’ici, mais les chênes & les ormeaux y sont plus abondans des deux côtés de la riviére, dans laquelle il y a une infinité de connistes. L’anguille y est très-bonne, l’alose, le saumon, la morue & d’autres sortes de bons poissons. La chasse n’y est pas moins abondante toute l’année de toutes sortes d’oiseaux déja nommés.

☞ Sortant de la Haive, & ayant doublé le Cap doré environ à une Lieue, l’on entre dans la baie de Mirligaiche, pleine d’isles.

☞ Sortant de La baie, allant le long de la côte à trois ou quatre lieues de-là, l’on rencontre une riviére qui a deux entrées, par le moyen d’une isle qui est au milieu. Du côté de la premiére entrée il y a de très-belles & bonnes terres couvertes de grands & beaux arbres ; à l’autre entrée à la droite on ne trouve point de beaux bois, que l’on ne monte avant dans la riviére ; il n’y a que des roches pelées, assez hautes ; entre ces roches il y a un petit havre où les navires mouillent, & où il y en a souvent qui font leur pêche, & font sécher leur poisson sur les roches qui sont isolées, & les chaloupes qui vont en pêche entrent & sortent des deux côtés. Un peu au large de ces isles la pêche est bonne & abondante en morue, les maquereaux & le hareng donnent fort à la côte ; ce lieu s’appelle Passepec. Du côté de la mer ce ne sont que rochers qui sont tous pelés l’espace de quatre à cinq lieues. Le long de cette côte ce n’est que sapins mêlés de quelques autres bois.

☞ Continuant l’espace de cinq à six lieues le long de la côte, on trouve une baie d’environ une lieue de large, où il y a quelques isles. Là les arbres & la terre commencent à être agréables, & vis-à-vis trois ou quatre lieues au large, il y a une isle de roches qui est grande, avec de petits bois dessus, elle est assez malaisée à aborder. Il y a une si grande quantité d’oiseaux dessus, qu’ils font quand ils s’élévent un nuage si épais, que les rayons du soleil ne peuvent penetrer au travers.

☞ Continuant la même route environ cinq lieues, on trouve la riviére de Théodore ; à cinq lieues de cette riviére, continuant le long de la côte, l’on trouve la baie de toutes les isles. Sortant de cette baie, à trois ou quatre


lieues de-là, on trouve une riviére où de petits navires peuvent entrer ; mais il y a une forme d’isle qui jette des battures de sable au large, où la mer brise fort dessus. Il les faut passer, & puis revenir le long de la terre ; il y a un petit canal par ou l’on peut entrer ; étant dedans l’on trouve assez d’eau, & la riviére paroît fort belle ; le pays est beau & plat : les arbres y sont beaux, ce font toûjours les mêmes espéces de bois dont on a parlé ; la chasse y est très-bonne, & il y a force gibier.

☞ Continuant sa route, après avoir fait cinq lieues, on trouve une autre petite riviére qui a une petite isle ronde à l’entrée, couverte d’herbes, qui s’appelle l’Isle Verte, & la riviére a été nommée Sainte-Marie. Les chaloupes ne peuvent aller qu’à trois lieues au-dessus de son embouchure. Le pays est plat depuis l’embouchure jusque-là, & plus haut ce sont tous rochers. De la riviere Sainte-Marie au cap de Campseaux il y a bien dix lieues ; ayant fait quatre ou cinq lieues le long de la côce, l’on trouve une baie où il y a des roches : il n’y a de retraite que pour des chaloupes. Environ trois lieues au large, il y a des isles où un ou deux navires peuvent mouiller, mais avec peu de sûreté. Là ils font leur pêche & font sécher le poisson sur les isles, où il n’y a pas grand bois. De cette baie continuant son chemin tout le long de la côte, il y a des terres hautes & rochers sans retraite. Cette côte finit par le havre & le cap de Campseaux. Voyez ce mot.

☞ Entrant dans le fond de la baie de Campseaux, qui a huit lieues de profondeur, & allant le long de la côte, l’on trouve trois lieues durant des rochers ; après cela l’on trouve une grande anse qui a une isle au milieu, derriére laquelle les chaloupes se peuvent mettre à couvert : plus l’on va en avant dans la baie, plus le pays se trouve beau ; & à trois lieues de cette anse on trouve une petite riviére nommée par quelques-uns, la riviére du Saumon, & par les Sauvages, Chédabouctou. Voyez ce mot.

☞ Sortant de Chédabouctou, allant à l’entrée du petit passage de Campseaux, l’on passe quatre lieues de terres hautes, & de rochers qui vont en descendant jusqu’à une petite isle ; & là les terres sont plattes, marécageuses & pleines de petits étangs d’eau salée, dans lesquels il se trouve grand nombre de gibier : une lieue plus avant on trouve une autre baie, où il entre un grand courant de marée ; l’entrée en est étroite, il y a une barre de sable, & les chaloupes n’y peuvent entrer que de pleine mer, le dedans assèche de basse mer. Il y tombe deux petits ruisseaux. On nomme ce lieu, la riviére du Mouton. la chasse est excellente dans les terres qui sont trèsbonnes, le pays agréable, les bois beaux ; il y a peu de sapins, & toure Ja côte est de même jusqu’à l’entrée du petit passage de Campseaux, qui est entre la terre ferme & l’isle du Cap Breton, où paroît un gros cap de terre rouge.

☞ Continuant huit ou neuf lieues, on trouve un grand cap fort haut, & toute cette côte est haute avec des rochers couverts de grands sapins. Au bas de ce grand cap qui est escarpé à pied droit, il y a une anse où les vaisseaux qui vont dans la grande baie de Saine Laurent pour faire leur pêche, & qui arrivant à la côte de trop bonne heure, ne peuvent entrer dans la grande baie de Saint Laurent par le grand passage à cause des glaces, viennent chercher ce petit passage, & se mettent à l’anchre pour laisser passer les glaces. Ce lieu s’appelle Fronsac. On y a vû huit ou dix vaisseaux ; & quoique le courant soit extrêmement fort dans ce petit passage, les glaces n’incommodent point les vaisseaux en cet endroit, à cause d’une grande pointe qui avance & qui détourne la marée, qui pourroit apporter les glaces de la grande baie, & les rejette du côté de l’isle du Cap Breton, & celles qui pourroient venir de l’autre côté, sont jettées aussi par le gros cap du côté de cette isle.

☞ Sortant de cette anse, avant que d’en passer la pointe, il y a des étangs d’eau salée, où il se trouve quantité de bonnes huîtres & fort grosses, & des moules encore davantage. Passé la pointe, on trouve une petite riviére où des chaloupes peuvent encrer ; étant dedans, on trouve une isle qui sépare une grande baie en deux ; il s’y rencontre aussi force huitres & moules. Le pays est agréable.


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