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les connaissances les plus intimes de l’art et de la vie des maîtres. La conversation à laquelle j’assistai roula exclusivement sur les hommes et les choses de la littérature et de l’art, sans laisser le moindre interstice à quoi que ce soit de banal. Ils apportaient dans leurs jugements une conviction sacerdotale. J’en sortis initié, et c’est à cette soirée que je dois aujourd’hui, sans doute, d’avoir l’honneur de remettre à monsieur le Président du Conseil municipal de Paris, représenté ici par M. Maurice Quentin, ce monument funéraire, œuvre d’un artiste au front génial, M. de Charmoy. La sympathie qui l’a accueilli et la manifestation dont est aujourd’hui l’objet la mémoire glorifiée de Baudelaire, prouvent que le poète répond le mieux dans le passé au besoin tourmenté d’idéal qui travaille les générations nouvelles.

L’œuvre est achevée : elle existe. Elle exprime le mouvement à la manière antique, en marchant, ou plutôt en se tenant debout. Elle symbolise, dans des proportions grandioses, l’art et la vie, tels que les pouvait concevoir un siècle nouveau, né des convulsions du précédent, qui lui a transmis toutes ses inquiétudes. Elle en porte l’empreinte. Le jeune statuaire, réalisant une pensée moderne et toute récente, a montré la poésie aux prises avec la douleur énergique et concentrée, sous les traits profondément dramatiques d’un grand artiste que chacun reconnaît et auquel chacun rend hommage, M. de Max. Le Comité Baudelaire, reconnaissant des sympathies efficaces et toutes-puissantes qui lui ont été témoignées, adresse ses remerciements à monsieur le ministre de l’Instruction publique et à monsieur le directeur des Beaux-Arts. M. Armand Dayot, qui préside en leur nom cette cérémonie, n’a cessé d’apporter son encouragement précieux à notre entreprise peut-être hardie, mais à coup sûr ardue et difficile. Le trésorier du Comité Baudelaire, qui se dédouble en ce moment devant vous, comme certain personnage de Molière, en sait quelque chose. L’initiative prise par MM. Paul Escudier, président du Conseil municipal de Paris, et son collègue Gaston