Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/184

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ce superflu en réserve pour en former un capital par le moyen duquel on puisse se procurer un accroissement de revenu ou de profit annuel, qu’on puisse encore épargner et convertir en capital. Il y a donc un grand nombre d’hommes intéressés et occupés à amasser des capitaux.

§ LXXXII. — Récapitulation des cinq différentes manières d’employer les capitaux.

J’ai compté cinq manières différentes d’employer les capitaux ou de les placer d’une manière profitable.

La première est d’acheter un fonds de terre qui rapporte un certain revenu.

La seconde est de placer son argent dans des entreprises de culture en affermant des terres dont les fruits doivent rendre, outre le prix du fermage, l’intérêt des avances et le prix du travail de celui qui consacre à leur culture ses richesses et sa peine.

La troisième est de placer son capital dans des entreprises d’industrie et de fabriques.

La quatrième est de le placer dans des entreprises de commerce.

Et la cinquième, de le prêter à ceux qui en ont besoin, moyennant un intérêt.

§ LXXXIII. — Influence des différents emplois de l’argent les uns sur les autres.

Il est évident que les produits annuels qu’on peut retirer des capitaux placés dans ces différents emplois sont bornés les uns par les autres, et tous relatifs au taux actuel de l’intérêt de l’argent.

§ LXXXIV. — L’argent placé en terre doit rapporter moins.

Celui qui place son argent en achetant une terre affermée à un fermier bien solvable se procure un revenu qui ne lui donne que très-peu de peine à recevoir, et qu’il peut dépenser de la manière la plus agréable en donnant carrière à tous ses goûts. Il a de plus l’avantage que la terre est de tous les biens celui dont la possession est le plus assurée contre toute sorte d’accidents.

§ LXXXV. — L’argent prêté doit rapporter un peu plus que le revenu des terres acquises avec un capital égal.

Celui qui prête son argent à intérêt jouit encore plus paisiblement et plus librement que le possesseur de terre ; mais l’insolvabilité de son débiteur peut lui faire perdre son capital.

Il ne se contentera donc pas d’un intérêt égal au revenu de la terre qu’il achèterait avec le même capital.