Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consentirait à donner quatre sacs de maïs pour cinq brasses de bois, ne le voudra plus lorsqu’il saura qu’un des propriétaires du bois consent à donner cinq brasses de bois pour deux sacs de maïs seulement. Mais celui-ci apprenant à son tour qu’on peut avoir pour la même quantité de cinq brasses de bois quatre sacs de maïs, changera aussi d’avis, et ne voudra plus se contenter de deux. Il voudrait bien en exiger quatre ; mais les propriétaires du maïs ne consentiront pas plus à les leur donner, que les propriétaires du bois ne consentiront à se contenter de deux. Les conditions des échanges projetés seront donc changées, et il se formera une nouvelle évaluation, une nouvelle appréciation de la valeur du bois et de la valeur du maïs. Il est d’abord évident que cette appréciation sera la même dans les deux échanges et pour les quatre contractants, c’est-à-dire que pour la même quantité de bois les deux possesseurs du maïs ne donneront ni plus ni moins de maïs, et que pour la même quantité de maïs les deux possesseurs de bois ne donneront pareillement ni plus ni moins de bois. — On voit au premier coup d’œil que si un des possesseurs de maïs exigeait moins de bois que l’autre pour la même quantité de maïs, les deux possesseurs de bois s’adresseraient à lui pour profiter de ce rabais : cette concurrence engagerait ce propriétaire à demander plus de bois qu’il n’en demandait pour la même quantité de maïs : de son côté, l’autre possesseur de maïs baisserait sa demande de bois, ou hausserait son offre de maïs, pour rappeler à lui les possesseurs du bois dont il a besoin, et cet effet aurait lieu jusqu’à ce que les deux possesseurs de maïs en offrissent la même quantité pour la même quantité de bois.

(Ce Mémoire n’a pas été achevé.)



fin des valeurs et monnaies.