Page:Variétés Tome X.djvu/248

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en un jour qu’on ne fait maintenant en une année. Pour te confirmer en cette verité, souviens-toi de la reine des Amazones.

——--Rappelle un peu dans ta memoire
—-De Talestris la memorable histoire,
Qui, pour se delivrer de ce mortel ennui
——--Qu’on a toujours de trop attendre,
Arriva le matin dans le camp d’Alexandre
——--Et coucha le soir avec lui.
Mais depuis est venu le règne des fleurettes5,
Veritable chicane en matière d’amour :


5. C’étoit le mot qui, depuis quelque temps, étoit devenu à la mode pour exprimer les fleurs de bien dire, dont l’amoureux parfume ses paroles pour faire accepter son amour. Les livres où ceux dont le cœur ne parloit pas d’abondance alloient se fournir de belles phrases avoient même pris pour titre le mot que je viens de dire : Fleurs de bien dire… pour exprimer les passions amoureuses de l’un comme de l’autre sexe, Paris, Guillemot, 1598, pet. in-12 ; Les Marguerites françoises, ou Fleurs de bien dire, etc., Rouen, Behoust, 1625, in-12. Le Nicodème du Roman bourgeois (édit. elzevir., p. 88), « qui estoit un grand diseur de fleurettes », avoit cueilli celles qui jonchoient sa conversation avec Javotte dans ces Marguerites françoises. — Chez les Grecs, on disoit, dans le même sens, ρωδα ἔιρειν, parler roses (Aristoph., Nuées, act. II, sc. 2). Le Noble a voulu chercher une autre étymologie : il a cru que conter fleurettes, c’étoit compter à celle qu’on aime une somme d’argent, en cette jolie monnoie du temps de Charles VI sur laquelle étoit marquée une petite fleur, florette. Il s’est trompé. V. Lettres de madame Du Noyer, 1757, in-12, t. III, p. 225.