Page:Variétés Tome X.djvu/253

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comme des autres, et, quelque temps après l’avoir quittée, comme il étoit changeant en tout, il fit faire de sa boëte de portrait deux tables de diamans7. Nous fûmes ensuite au service d’une dame, qui nous donna bien du plaisir avec ses façons : elle avoit deux galans, dont l’un étoit fort riche et fort sot, mais faisant grande dépense ; l’autre étoit bien fait, plein d’esprit et de cœur, mais marchant à fort petit train.

Aussi, pour adoucir cette fière inhumaine,
——--Ecrire juste et parler bien
——--Ne lui purent servir de rien.
——--Il perdit ses pas et sa peine ;
——--Car, par un silence eloquent,
L’autre, sans dire mot, lui comptoit de l’argent.

« Cependant, le règne de cette belle finit en moins de rien. L’un se lassa de souffrir et l’autre de payer, et je fus separé des diamans avec les quels j’avois été depuis longtemps pour être employé à mille usages differens. Je fus tantôt en bague, tantôt en montre, tantôt en chaîne ; mais, sur toutes choses, je devins un des plus jolis cachets du monde. Je portai la figure d’un petit Amour qui, au lieu d’avoir son bandeau sur les yeux, l’avoit sur la bouche, et qui, marchant comme à la dérobée, et fort doucement,


7. On appeloit diamant en table celui qui était taillé de sorte que sa surface restoit plane, avec de simples biseaux. Ainsi taillé et enchâssé dans l’or, il servoit surtout pour les bracelets.