Page:Variétés Tome X.djvu/254

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tenoit une de ses mains devant son flambeau pour en cacher la clarté ; ces cinq paroles étoient écrites autour :

Ni le bruit ni l’éclat8.

« Je pourrois bien te conter ici mille choses si je voulois, mais ma qualité de cachet m’en empêche, et je te puis même assurer que jamais personne n’a rien sçû des mystères dont j’ai été depositaire.

——--Mon empreinte, toujours heureuse,
——--Ne ferma jamais de poulet,
—-Ni ne servit à de lettre amoureuse
——--Qui vît eventer son secret.

« Il fallut pourtant changer de condition avec le temps. Je fus encore fondu plusieurs fois, et j’ai servi à plusieurs statues ; j’ai été employé tantôt à celle d’un héros, d’un demi-dieu, d’une déesse, d’un homme, et tantôt à celle d’un animal. Mais, à la verité, bien que j’aye été dans tant de conditions


8. M. Cousin, qui a cité ce passage (La Société françoise du XVIIe siécle, t. II, p. 195), pense avec quelque raison que ce cachet, au discret emblème, est une allusion évidente à celui que Conrart, le soir de la journée des Madrigaux, avoit donné à mademoiselle de Scudéry : « Le généreux Théodamas, en se retirant, avoit donné à Sapho je ne sais quoy, enveloppé d’un papier bien parfumé, à la charge qu’elle ne le regarderoit que lorsqu’il seroit parti. Ce je ne sais quoy estoit un cachet de cristal, gravé du chiffre de Sapho et du sien mêlés ensemble. »