Page:Variétés Tome X.djvu/291

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Où puiser fault science si haultaine.
Peut estre aulcuns n’en seront esbahis
Et vous diront que je suis du pays
Où de tout temps les neuf Muses habitent3.
Elles, pour vray, à rymer ne m’invitent.
Le grand desir d’envelopper et mettre
Mes durs regrects en moins fascheuse lectre,
Et que je sçay que de nature aymez
Le son plaisant des vers qui sont rymez :
C’est ce qui m’a, et si ne sçay comment,
Faict devenir poeste en un moment.
Ce que l’amour qu’a vous j’ay indicible
M’a fait trouver bien aysé l’impossible.
Helas ! tous ceux qui à rymer se peinent
Les arguments de plaisir entreprennent ;
Mais, pour monstrer ce que faire je sçay,
Me fault escrire en ce mien coup d’essay
L’ennui que j’ay d’estre loing demourée
De vous, Madame et sœur tres honourée,
Sans que esbatz ne me semblent qu’ennuis
Et que les jours ne me semblent que nuits4.



3. Ici Catherine se révèle elle-même par sa patrie italienne.

4. Ces vers sur les ennuis de l’absence trouvoient un facile écho dans le cœur de cette bonne reine de Navarre, qui en a fait de si charmants sur les mêmes souffrances. Je ne citerai que ces couplets d’une chanson de Marguerite, qui se trouve dans un manuscrit appartenant à M. Fouques, et n’a pas encore, je crois, été réunie à ses autres poésies :

Si tost qu’il souspire,
Je fonds toute en pleurs.