Page:Variétés Tome X.djvu/75

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choses, vostre predicant brave et dit que les forces qui sont dans Paris, tant estrangères que de la ville, sont suffisantes, soubs la conduite du duc de Nemours30, pour rembarrer et mettre en desarroy toute l’armée royalle : ces choses luy sont autant aysées à dire comme elles sont mal-aisées non seulement à executer, mais à croire, à ceux qui sçavent mieux faire que de crailler dans une chaire, mesmes après tant d’experiences que nous avons veuës de ce peuple, qui le nous ont faict cognoistre tel que le descrit l’Arioste, disant :

Queste non dirò squadre, non dirò falange,
Ma turba e popolazzo voglio dire
Prima che nasca degno di morire.

Et ne faut que vous mettiez en peine de nous persuader, à nous qui, assistez du Sainct Esprit, ne pouvons estre deceus par vos fausses illusions, que vous prenez toutes les incommoditez en patience en louant Dieu, duquel vous attendez secours en bref, car nous tenons pour maxime très certaine que

L’honneur que les vicieux
L’hoFont aux Dieux,
À Leurs Majestez n’agrée.

Quoi ! vous qui avez encor les mains sanglantes du parricide du feu roy (heureuse et pitoyable me-


30. Charles-Emmanuel de Savoie, duc de Nemours, fils de Jacques de Savoie et d’Anne d’Este, veuve de François de Guise. Il étoit par conséquent frère utérin du duc de Guise.