Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/24

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Ils sont à nous : si l’on t’attaque, attaque et raille
Et riposte comme autrefois au cabaret,
Quand ta langue était chaude et rapide aux saillies.


JEAN

Repose-toi sur moi et sois sans peur, Kato.
Plus les propos taquins courent et se multiplient,
Plus mon cœur est alerte et mon esprit dispos.
Je sais ce qu’il faut taire et sais ce qu’il faut dire.
Le soir, quand on s’assemble autour des feux :
Mon oreille est subtile et mes yeux savent lire
Mieux que d’autres, au fond des yeux.


KATO

Alors, lis dans les miens la joie
D’avoir conquis,
Parmi tant de gars francs, celui
Dont maintes fois mon corps rêva d’être la proie.