Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/205

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Et la première et la plus vaste, c’est la force
Épanouie ou souterraine,
Multipliée en poings, en bras, en torses,
Ou tout à coup sereine,
Dans un cerveau suprême et foudroyant.
Par à travers l’or effrayant,
Les cris, la chair, le sang, la lie,
Elle apparaît : celle qui tend ou qui délie
L’énorme effort humain bandé vers la folie.

Depuis que se mangent ou se fécondent
À chaque instant qui naît, qui meurt, les mondes,
L’atome est vibrant d’elle.
Elle est l’ardeur de la conquête universelle.
Indifférente au bien, au mal, mais haletante
En chaque assaut dont les cités sont fermentantes,
Elle érige la gloire en beau geste dans l’air,
Ou bien allume, à coups d’éclairs,
Par la nuit sourde où rien ne bouge,
Le crime immense avec la mort à son poing rouge.