Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/207

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La conscience humaine est sculptée en contours
Puissants et délicats que, sans cesse, elle affine,
Pour transmuer sa vie en facultés divines
Et créer son bonheur et s’affirmer : un Dieu ;
Le futur éclatant est un oiseau de feu,
Dont les plumes, une par une,
Se détachant de l’aile et retombant vers nous,
Frôlent de flamme et de splendeur nos regards fous.

Et plus haute que n’est la force et la justice,
Par au delà du vrai, du faux, de l’équité,
Plus loin que l’innocence ou que le vice,
Luit la beauté.
Touffue et claire,
Méduse ténébreuse et Minerve solaire,
Fondant le double mythe en unique splendeur,
Elle épouvante de grandeur.
Sublime, elle a pour prêtres les génies
Qui communient
De la lumière de ses yeux ;
Les temps sont datés d’elle et marchent glorieux,
Selon que son vouloir les prend pour ostiaires ;