Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ni lin, ni blé, ni frondaisons, ni germes,
Depuis longtemps, l’arbre, par la foudre cassé.
Monte, devant le seuil usé.
Comme un malheur en effigie.

C’est la plaine, la plaine blême.
Interminablement, toujours la même.

Par au dessus, souvent,
Rage si fort le vent
Que l’on dirait le ciel fendu
Aux coups de boxe
De l’équinoxe.
Novembre hurle, ainsi qu’un loup,
Lamentable, par le soir fou.
Les ramilles et les feuilles gelées
Passent gifflées
Sur les mares, dans les allées ;
Et les grands bras des Christs funèbres,
Aux carrefours, par les ténèbres,
Semblent grandir et tout à coup partir,
En cris de peur, vers le soleil perdu.