Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/47

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Comme des bêtes qui ont peur,
Et seuls les grands oiseaux d’espace
Jettent sur les chaumes et leur frayeur,
Le cri des angoisses qui passent.

L’heure est venue où les soirs mous
Pèsent sur les terres envenimées
Où les marais visqueux et blancs,
Dans leurs remous,
À longs bras lents.
Brassent les fièvres empoisonnées.

Sur les étangs en plates-bandes
Les fleurs, comme des glandes,
Et les mousses comme des viandes,
S’étendent.

Bosses et creux et stigmates d’ulcères,
Quelques saules bordent les anses,
Où des flottilles de viscères,
À la surface, se balancent,