Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/51

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Quittant leur lit, s’y recouchant,
Fuyant la mort et la cherchant,
Bégaient et vacillent leurs plaintes,
Pauvres lumières, presque éteintes.

Ils se traînent de chaumière en chaumière
Et d’âtre en âtre,
Se voir et doucement s’apitoyer
Sur la dîme d’hommes qu’il faut payer,
Atrocement à leur terre marâtre ;
Des silences profonds coupent les litanies
De leurs misères infinies ;
Et, longuement, parfois, ils se regardent
Au jour douteux de la fenêtre,
Et longuement, avec des pleurs,
Comme s’ils voulaient se reconnaître
Lorsque leurs yeux seront ailleurs.

Ils se sentent de trop autour des tables
Où l’on mange rapidement
Un repas pauvre et lamentable ;
Leur cœur se serre atrocement,