Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/97

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Une pierre lasse
Aux corbeaux noirs du sort qui passe.

Les gens d’ici
Ont du malheur — et sont soumis.

Et les troupeaux rêches et maigres,
Par les chemins râpés et par les sablons aigres,
Également sont les chassés,
Aux coups de fouet inépuisés
Des famines qui exterminent :
Moutons dont la fatigue à tout caillou ricoche,
Bœufs qui meuglent vers la mort proche,
Vaches hydropiques et lourdes
Aux pis vides comme des gourdes
Et les ânes, avec la mort crucifiée
Sur leurs côtes scarifiées.

Ainsi s’en vont bêtes et gens d’ici,
Par le chemin de ronde,
Qui fait dans la détresse et dans la nuit,
Immensément, le tour du monde,