Page:Verhaeren - Petites Légendes, 1900.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Pèlerin




Mêlant des fleurs à des ciguës,

Et des jurons à ses prières,
Il trimballe, par les bruyères,

Le pèlerin, vers Montaigu.


Il va traînant, par les sablons,
Ses vieux souliers, où l’on a mis du plomb.


Il marche et souffre, et pour que Dieu l’exauce,

Et pour que Dieu et sa Mère soient doux,
On a fourré du houx,

Dans ses manches et dans ses chausses.


Le malade qui vers le ciel l’envoie

Tousse, là-bas, au fond des fermes :
La nuit, dans sa terreur l’enferme.
Sous la lune, parmi les bois,
Les chiens aboient ;
Le malade se sent perdu
Si sa prière n’est entendue,

Par la Dame de Montaigu.