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— Branches tortes, branches mortes —

Ce fut la fin et le déclin
De l’amour sain comme la vie,
Ce fut la peine et le chagrin servis
À la table de leur bonheur
— Branches tortes, branches mortes —
Leurs corps usés leur faisaient peur :
Leur visage fut l’enseigne bizarre
De leur laideur et de leurs tares.
Ils devinrent petits, chétifs et gris,
Comme des rats et des souris,
Ils devinrent de menus gens qui trottent

Et qui radotent.


Les pauvres vieux se redisent cela,

À voix tremblante, à gestes las,
Ils en pleurent et se désolent
D’être si vite au bout de leurs paroles
Et de ne rien trouver
Qui les puisse du sort et de la mort

Sauver.


La neige au loin s’est mise à choir,

Petites flammes dans le soir,
Blanches petites flammes pour les mortes

Et pour les morts, par désespoir.