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poèmes, iiie série

LE MEUNIER


Le vieux meunier du moulin noir,
On l’enterra, l’hiver, un soir
De froid rugueux, de bise aiguë
En un terrain de cendre et de ciguës.

Le jour dardait sa clarté fausse
Sur la bêche du fossoyeur ;
Un chien errait près de la fosse,
L’aboi tendu vers la lueur.

La bêche, à chacune des pelletées,
Telle un miroir se déplaçait,
Luisait, mordait et s’enfonçait,
Sous les terres violentées.