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poèmes, iiie série

LE FORGERON


Sur la route, près des labours,
Le forgeron énorme et gourd,
Depuis les temps déjà si vieux, que fument
Les émeutes du fer et des aciers sur son enclume,
Martèle, étrangement, près des flammes intenses,
À grands coups pleins, les pâles lames
Immenses de la patience.

Tous ceux du bourg qui habitent son coin,
Avec la haine en leurs deux poings,
Muette,
Savent pourquoi le forgeron
À son labeur de tâcheron,
Sans que jamais
Ses dents mâchent des cris mauvais,
S’entête.