Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/138

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Boudant les champs, boudant les fêtes,
Son cœur n’était profond que pour les bêtes.


Mais celles-ci, comme il les aimait !

Et comme il les accoutumait
À son amour tenace,
Avec des gestes doux qui longuement assistent,
Avec des mots naïfs qui vivement insistent.
L’hiver, les jours de pluie et de vent fou,
Quand le soleil, comme un paquet de haillons roux,
Est balayé, dans un coin de l’espace,
Son pauvre et vieux logis servait de rendez-vous
Pendant les chasses,

Aux daims, blaireaux, putois, renards et même aux loups.


À vivre ainsi d’une existence familière,

Avec tous ceux des trous et des tanières,
Avec tous ceux des champs et des forêts,
Jan Snul apparaissait,
Comme un antique et boucané satyre.
Rien n’éclatait qu’il ne comprît,
Dans leurs abois, ni dans leurs cris.

Il devinait ce qu’il fallait leur dire